Donner la vie...

J'ai eu le temps de réfléchir au sens de cette phrase grâce au sms de Bon Papa qui m'écrivait de préserver la vie qui est en moi. Donner la vie. Trois petits mots. Courts, forts, puissants. Je pleure encore beaucoup. Je n'arrive pas à accepter ce qui est arrivé à Monique, ne le digère pas. Je trouve cette épreuve violente, injuste, incompréhensible, plus que difficile. D'entendre sa voix au téléphone m'a terriblement émue. Son courage et sa force devraient me rassurer, autant que ceux de Dominique,  mais je n'y parviens pas. Je suis très affectée car Monique est un être exceptionnel comme on en rencontre peu dans une vie et j'ai la chance de l'avoir comme belle mère, c'est précieux. Gilles souffre aussi beaucoup intérieurement, s'ouvre peu et mes questions le torturent parfois, je le sens. Il est épuisé, usé physiquement et mentalement. Pas facile de ne pas voir sa maman comme il le voudrait, de profiter de Rafijoli pleinement le week-end, et de seconder sa compagne avec une grossesse pathologique. Je le sens avec nous et ailleurs malgré les apparences. Je dois reconnaître qu'il est plus aisé pour nous de prendre du recul puisque nous ne partageons pas le quotidien de ses parents. Avoir un enfant, en attendre un autre, permet de rester vivants et joyeux la plupart du temps. Alors quand le docteur Le M. , en très grande forme mercredi dernier, nous a confirmé que nous attendions une petite fille nous avons sauté de joie. Du bonheur dans ces dernières semaines de douleur. C'était si inattendu, presque magique. Ce prénom féminin choisi il y a fort longtemps, nous pouvions enfin le donner. Rafaël aura une petite sœur, ça sonne tellement bien. C'est aussi les élever, les aimer, les habiller, jouer différemment. Depuis je regarde les décorations fleuries, les papillons colorés (Bon Papa l'avait-il pressenti?), les paillettes, le parme et le prune et je me régale de contempler tant de diversités. Nous sommes comblés, infiniment heureux et nous lui parlons chaque jour afin qu'elle reste bien au chaud. Demain 23 SA, un second suivi hebdomadaire avec la sage femme Marié M, choisie au hasard, très douce et pro. Pas de contre indication particulière, cette grossesse est rythmée par les examens réguliers, chaque semaine est une nouvelle étape et un pas vers la vie gagné. Je ne vous cache pas que je suis un peu angoissée quand le doc le M. Écrit sur ses courriers "grossesse à hauts risques" car sous dose curative d'anti coagulants et la surveillance de la circulation placentaire. Ce sont des termes effrayants mais c'est le jargon médical. Le gynécologue ne commettra pas d'imprudence, pour le moment tout va bien. Notre petite perle grossit, s'agite, se forme comme elle le doit. De mon côté, à part une grosse fatigue en milieu d'après midi, une vilaine plaque d'acné sur les joues (horreur), quelques nausées, je me sens bien. Je me projette davantag dans cette future vie à quatre, avec bonheur. Rafaël nous laisse un peu plus de répit la nuit. Le séjour passé chez Manou et Papinou lui a fait le plus grand bien. Il dormait dans ma chambre le coquin, donc aucune raison de pleurer, j'étais là. Reprendre la cure de sirop "quiétude" de Boiron l'apaise et nous avec. Il prend plaisir à parler avec distinction, il retient les mots avec tant de facilité. Nous questionne sans cesse. Il est devenu un véritable petit garçon, il nous couvre de baisers, nous profitons de ces derniers mois en trio passionnément....